30/03/2006

Maux d'yeux

Joies de l'aurore

J'aime l'aurore, les ombres que la lueur ronge.
Les toits et les arbres du parc deviennent peu à peu distincts.
L'odeur de la nuit, de la suée et des plaisirs dont on se souvient au fur et à mesure qu'on s'en dévêt.
Peu à peu l'apparence revient aux corps autant qu'on les cache et les farde.
L'eau fraîche sur les yeux et dans la gorge.



Adolescents appuyant l'épaule aux colonnes

De jeunes adolescent qui connaissent les premières langueurs.
De jeunes adolescent qui connaissent les premiers instant de l'envie de vivre se retirent de l'espace d'un corps comme l'océan de l'ouest chaque jour découvre lentement les champs de moules et des plage de sable.
De jeunes adolescent qui nourrissent et ressassent le désir de se tuer pour un livre de grec lu, une remarque blessante du pédagogue, le visage d'une femme de la Subura. Ils sont debout. Ils appuient l'épaule à une colonne. Il flotte encore autour d'eux une vague odeur de lait ou de semence. Leurs yeux voient devant eux dans le vague. Leurs cheveux frôlent le cou. L'air venant du compluvium par instants les déplace. Leur peau frémit.

29/03/2006

Bruits effrayants

Enfant je craignais le son du bronze martelé sur l'enclume qui fumait.
Les clameurs de l'amphithéâtre.
Le son du tonnerre quand l'éclair ne le précède pas.
Mon père mangeant.
Le trompètement des cochons mis en vente sur la place du marché.



27/03/2006

Immortels sur la passerelle d'oiseaux

A genoux dans la lumière, les genoux dans le fleuve de vigueur qui court à grand'joie, entouré d'anges riants, d'aides qui apportent des caisses de cendres, de matières "sans corps", d'aides qui saisissent les corps lavés et les tempèrent de leurs souffles, l'archange entre ses doigts merveilleux capte les grains de poussières, les assemble en flocons, les plonge dans l'eau, ramasse au creux de ses mains si belles des poignées de cendres qu'il extrait de l'air ou de l'eau, prestidigitateur recueille des fragments d'os, des lambeaux de chairs en lanières déchirées, ou dirige vers le cristal liquide, de ses mains comme des légions d'anges, des masses sanglantes, des panoplies déchiquetées, mousses d'algues spongieuses, blanches et roses, les plonge au milieu des rires angéliques, les laves dans l'eau lumineuse où elle s'accroissent et se reforment, vagissantes, gémissantes entre les tourbillons brillants, d'un blanc ou vermeil verdoyant, jaillissantes hors de l'eau suffocantes, resplendissantes entre les bras de l'archange, librement remises dans les chants aux anges qui les éveillent ruisselantes d'eau et de lumière, les guident sur le chemin d'herbes vers la prairie, aidant aux premiers pas ses hommes qui s'entr'regardent et voient au loin la toiture d'or, allant comme des suppliants vers la justice et les consolations.

MIRROR

Avec ses poires jaunissantes
Et partout des roses sauvages
La terre est penchée sur le lac
Vous cygnes de toute grâce
Et de baisers tout ivres
Vous baignez votre tête
Dan l'eau sobre et sacrée.

26/03/2006

Des fleuves sortiront de ton ventre

Car nous découvrons un second corps dans le premier, en tout point divisible comme lui. C'est par une anatomie toute semblable que nous approcherons du fond des choses, de la vérité qui nous est inhérente. Il convient de se servir d'instruments de chirurgie, de rasoirs les plus fins et les plus délicats. Il va falloir fouiller dans les entrailles, jusqu'au coeur, jusqu'aux veines les plus minces, jusqu'aux plus petites parties, jusqu'aux moindres fibres.
Nous voilà cette fois parvenus au lieu de la transparence.

25/03/2006

Pouvoirs latents

Jeune démon, j'entends ton rire légendaire heurter avec violence les quatre horizons, les quatre dimensions. Chaque coup produit par ton éclat, comme une perle mordue, met en mouvement un mécanisme inconnu, enterré dans les souterrains vivant de l'humanité comme dans un bain de sang. Les poisons primordiaux remplissent le vase communicant qui nous lie au monde extérieur et leur goût amer aphrodise notre sang, amincit nos ongles jusqu'au fil qui nous accroche aux objets aux ombres, nous jetant sur les épaules des amphores dans lesquelles se baignent des femmes; dans les forêts où s'animent les papillons, des chacals, des écureuils en flammes, l'oeil, devenu un prisme à toutes les faces en délire, nous conduit comme un cheval à travers un univers de cendre.

24/03/2006

Observation

Le long des allées de Saturne et de Bacchus qui nous menaient du jardin du Roi au bosquet de la Reine, nous dûmes en convenir ; ce qui nous avait amené ici, c'était avant tout notre passion partagée pour la représentation. Il faisait chaud, un temps de Juin et une journée à n'en plus finir. Il y a avait cependant quelque chose dans l'air qui avait un goût d'irréparable.



23/03/2006

Et ignotas animum dimittit in artes

("et il tourna son esprit vers l'étude d'un art inconnu")
Ovide, les métamorphoses VIII

Devine :
Quel est le ruisseau qui ne contient ni sable ni cailloux ?
Quelle est la jumelle qui se tient à droite, à gauche et qui n'aperçoit jamais sa soeur ?
Qui regarde toujours et jamais ne se regarde ?
Qui peut-on frapper et frapper encore sans lui causer jamais ni douleur ni blessure ?
Qui peut s'asseoir sur l'eau sans jamais se mouiller ?



Cuando fuiste novio mío
por la primavera blanca,
los cascos de tu caballo
cuatro sollozos de plata.

Eau, pale essence

Tu n'aimes donc pas les ruisseaux limpides, où glissent des milliers de petits poissons, rouges, bleus et argentés? Tu les prendras avec un filet si beau, qu'il les attirera de lui-même, jusqu'à ce qu'il soit rempli. De la surface, tu verras des cailloux luisants, plus polis que le marbre.
Tu t'y baigneras avec de petites filles, qui t'enlaceront de leurs bras. Une fois sortis du bain, elles te tresseront des couronnes de roses et d'oeillets. Elles auront des ailes transparentes de papillon et des cheveux d'une longueur ondulée, qui flottent autour de la gentillesse de leur front.

22/03/2006

SEXE AU LOGIS

Ton sexe est le point le plus sombre et le plus saignant de toi même. Tapis dans l'ombre et dans la broussaille, il est lui même une sorte de moitié d'être ou d'animal; étranger à tes habitudes de surface. Un extrême désaccord existe entre lui et ce que tu montre de toi. Quelle que soit ta violence réelle, tu présentes aux autres des aspects civilisés et polis. Tu cherches quotidiennement à communiquer avec eux en évitant les heurts et en réduisant chaque chose à sa pauvre commune mesure de telle sorte que tout puisse coïncider et se mettre en ordre. Même la plupart des rapports amicaux et cordiaux concourent à cette ordonnance puisque avant tout il est convenu qu'il faudra se garder de la troubler. La seule partie de toi qui n'entre pas en composition est ton sexe. C'est pourquoi il te faut entrer une fois dans la solitude, dans la nuit la plus obscure de ton être et là écouter la voix barbare et fêlée qui vient de la profondeur de ton ventre .
Entendras-tu enfin la leçon de ta gluante racine ou de ton marécage de sang. Le sexe honni ou comique, avide, enseigne la vérité la plus souterraine : qu'on ne communique pas par l'élusion des heurts, qu'on atteint son semblable par des chocs qui effraient, déchirent et renversent.

20/03/2006

METAMORPHOSE

Le temps est un mythe
d'or et de merde
comme des oeufs de karat glissant du cul de l'oie
un long cri animal / la femme est bénie
fusion parfaite de la belle et la bête
le gaz vert pénètre comme la passion
et glisse sur les couches de cire
rouge et noir
une femme seule dans un tunnel
résonne et retentit
une plainte longue et basse
qui remonte la dorsale
ressort pelvique
par les branches primales
un garçon est mis bas
chauve, éraillé
comme un aigle sur la table
la langue préservée
qui s'enroule et jaillit
mince filament de foudre
tendu perçant qui fracasse l'espace
une femme accouche d'un cul et d'un visage





18/03/2006

Histoire occulte

Si un phallus tournant, et vêtu de robes multiples, marque ce que le culte du soleil a de noir, les étages bruyants qui conduisent l'idée du soleil sous la terre, réalisent d'une manière physique, par leurs pièges et leurs charmes coupants, un monde d'idées infiniment sombres, et dont les ordinaires histoires de sexes ne sont que le revêtement



17/03/2006

Substance et forme

Trois blanches : chair, dents, visage
Trois noires : yeux, cils, pénil
Trois rouges : lèvres, joues et ongles
Trois longues : taille, cheveux et mains
Trois courtes : dents, oreilles et pieds
Trois larges : poitrine, hanches, front
Trois étroites : bouche, ceinture et nature
Trois grosses : cuisses, cul et nature
Trois fines : cheveux, lèvres et doigts
Trois petites : bouche nez et seins