30/05/2006

Sous le signe, la Terre

Un jour je voulus que les chose changent.
Alors je pensai qu'il y avait trop d'étoiles
dans le ciel
et pas assez de lumière en bas
dans la terre.
Ce fut quand je voulus faire tomber une étoile sur cette taupe
pour diriger son nez.
Elle l'emporta sous terre
et elle l'essaya.
A présent elle sort quelquefois
pour laisser son étoile parler aux autres étoiles
dans le ciel.
Il fait sombre là en bas
mais son nez voit où elle va.



28/05/2006

Histoire du cheval lié

Il y a des corps surcorps et qu'on dit anticorps. Ils sont sans image. Ils sont sans écho. Aucun rêveur ne les rêve. Aucun monde ne les contient. On dit qu'ils écrivent.



La pierre est une boue durcie. La grotte est une boue durcie. Je ne cherche ni la pierre ni la dureté.
Cheval blanc n'est pas cheval. Je cherche la boue.
Qu'on comprenne ceci : Mon ermitage n'est pas solide. On ne peut rien batir sur ce que j'écris.
La main qui écrit est comme la main qu'affole la tempête. Il faut jeter la cargaison à la mer quand la barque coule.

26/05/2006

Les quatres joies de la reine

Et le plaisir naquit, indicible, car tout entier l'amour de l'amour, son double instrument ne dépendait plus que du pouvoir de création de la voyance, qui fait de l'oeil la matrice de la réalité. Ce que le monde me présente n'est pas là. Ce que je vois émerge à peine des limbe de l'habitude. Ce que je vois en train de voir, cela véritablement je le réalise, et cela existe seul.



Qui m'aimait? Je connaissais l'organe et non pas l'être. Mais l'être n'est pas individuel et l'amour est dans l'air. La porte s'ouvrit; je fus de l'autre coté.

24/05/2006

Une façon de se déplacer

Faiblement anobli, forcément démuni, faiblement animé tout aussi bien, un chevalier erre sur la route. Il traverse la ville de part en part, et son chemin est bordé d’enseignes lumineuses. Ce pays déchiré est vaste... En l’absence de combat, son désir ( mais sous sa forme impossible) balaye en lui la tentative vitale de circonscrire l’espace de son errance. Dieu, parfois, lui semble là, dans son absence fixée, vide. Cela paraissait infini. Il devient chaque pas du cheval qui le porte, sur ce long chemin de traverse éclairé de ciels prodigieux.

23/05/2006

Colorazione

Tout être vit à partir d'un petit signal fascinant trouvé dans un autre être et comme sans cesse perdu pour lui-même.
L'être ou plutôt ce-qui-fait-être est un petit objet difficile à trouver dans le deuxième royaume (le monde desexualisé du langage, rayonnant de lumière, rempli d'objets, hiérarchisé, social) puisqu'il est antérieur au surgissement dans le monde des objets de l'assujettissement au langage.



Il est semblable au timbre de la voix qu'on a entendu sonner dans ce monde avant même d'arriver dans ce monde.
Il est ce qu'il faut sacrifier encore pour perdre le perdu.
Il est la laisse quand la marée se retire.
Il est le chemin des dieux.

22/05/2006

Quoi de neuf?

Il serait plaisant de dire : "un processus n'a pas d'aspect différent à se produire ou à ne pas se produire." Ou: "une tache rouge n'a pas d'aspect différent à être ou n'être pas." - mais le langage fait abstraction de cette différence, car il parle de la tache rouge, qu'elle existe ou n'existe pas.

20/05/2006

A dreadful collection of memoranda

A l'instar d'une petite oeuvre d'art, un fragment doit être complètement séparé du monde environnant et être achevé en lui même comme un hérisson.



Le véritable esprit de société ne fait pas d'éclat. Il en est même une espèce qui n'est qu'un jeu magique de couleur dans les sphères supérieures.



L'amitié est un mariage unilatéral et l'amour est une amitié qui vaut de tous les cotés et de toutes les directions, l'amitié universelle.



L'expérience écourte les ailes de l'imagination; mais la contemplation les fait repousser.



La fleuraison est la joie des arbres.

19/05/2006

Moins 273 degrés

Aussitôt passée la minute où gants et vêtements se creusent en vue de recevoir la substance corporelle qui niche dans leurs alvéoles, déchirez vos habits, hommes et femmes parés pour de grotesques danses, lacérez vos souliers, piétinez vos chapeaux, laissez tomber vos peaux, vos muscles, vos charpentes, vos désirs, vos idées, déchargez vous comme des tombereaux de pierres dont le contenu cubes par cubes s'effondre en mugissant, déchirez même ces pierres et leurs derniers gravas, afin que l'absolu s'avance dans sa majesté fauve de roi inexistant

18/05/2006

Zone pionnière

Ainsi je rencontre une fillette qui promène tendrement un chiot dans le bandeau de portage que sa mère utilise pour sa petite soeur, et je remarque: " tu caresse ton bébé-chien?" Elle me répond gravement : "quand je serai grande, j'assommerai les porcs sauvages, les singes; tous je les assommerai quand il aboiera!"



17/05/2006

Le poids des fantomes

Neptune surgit,
                          son esprit bondissant
                                                            comme les dauphins.
Ces concepts l´esprit humain les a atteints.
Pour créer le Cosmos --
Accomplir le possible –
Muss., détruit pour une erreur,
Mais les annales
             Le palimpseste –
une lueur infime
                           dans les infinies ténèbres –
cuniculi –
Un vieux « timbré » mort en Virginie.
Des jeunes mal préparés, croûlant sous les annales,
La vision de la Madonna
                    au-dessus des mégots de cigare
                                 et surmontant le portail.
« Avons fait des tonnes de lois »
                                                     (mucchio di leggi)
Litterae nihil sanantes,
                                     de Justinien –
une masse de travaux inachevés.
J´ai apporté la grande boule de cristal ;
                          qui peut la soulever ?
Qui saura s´infiltrer dans le gland de lumière ?
            Mais la beauté n´est pas la folie
Même si mes erreurs gisent et mon naufrage autour de moi.
Et je ne suis pas un demi-dieu,
je n´arrive pas à faire tenir l´ensemble.
S´il n´y a pas d´amour au foyer rien n´est possible.
La voix de la faim ne s´était pas fait entendre.
Comment la beauté vint-elle à l´encontre de cette noirceur,
la beauté par deux fois sous les ormes –
                  Sauvés par les écureuils et les geais ?



15/05/2006

Les neuf vies de la chatte

Touche: il ne va pas se rétracter comme un oeil,
Ce domaine en ovale, aussi clair qu'une larme.
Voici hier, l'année dernière -
Lys et palmes aiguës pour la flore d'un vaste
Ouvrage de tapisserie où le vent ne souffle pas.



Donne au verre une pichenette de ton ongle:
Il tintera comme un carillon chinois au moindre mouvement d'air
Même si dedans personne ne lève la tête ni se soucie de répondre.
Ceux qui habitent là sont aussi légers que du liège,
Chacun d'eux occupé en permanence.

14/05/2006

Illusion memory

Sa beauté est née là, une fois encore. Elle est née de la peau nue, des dessins du tissu tourné sur son envers. J'eus l'illusion de voir ses yeux, leur globes blancs et verts, en transparence sous les paupières refermées. Elle avait sur les lèvres un sourire oublié.



La bouche, avec ses mouvements de langue, est cette partie du corps qui tête. Ou elle mord en montrant les dents. Quand nos lèvres se touchent ou se mordent, nous voulons boire le sang ou téter le lait au pis de la Vache sacrée.

13/05/2006

Tout parle

Le paysage tremblait ainsi, se faisant et se défaisant inlassablement. La beauté calme, extatique de la terre était faite de ces orgies et de ces métamorphoses. On n'y pouvait rien. Il fallait se contenter de regarder, avidement, de tous ses yeux. Debout sur ce petit promontoire, avec le bruit du ressac à ses pieds, il fallait tout comprendre, tout aimer, l'espace d'une seconde.

11/05/2006

Nempe haec adsidue?

Devant une neige, un Être de beauté de haute taille. Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s'élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré; des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes. Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la vision, sur le chantier. Et les frissons s'élèvent et grondent, et la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous, lance sur notre mère de beauté, — elle recule, elle se dresse.
Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.

09/05/2006

Vues d'une exposition

CECI EST MON CORPS



Les membres dépecés, les blessures purpurines, les veines vermeilles, les chairs et les os niellés de pierres précieuses étincelantes s'amoncellent dans un espace rutilant, en une macabre géométrie d'abattoir sacré. Une fête du sang, aux teintes crues, d'un chromatisme aveuglant, conformément au goût médiéval pour les spectacles colorés et éblouissants

08/05/2006

Trous dans la rue Sauvage

Est-ce que l'électricité a besoin de fils électriques?

Pennuti pesci dell' aereo mare.

Qu'est-ce qui avance en reculant?

Monte en descendant?

Et qui est enterré le jour de sa naissance?

Le chemin marche?

Le soleil dégraisse si bien ...
Qu'aussitôt la terre étincelle!

Toute pensée se perd dans son propre univers.



06/05/2006

A L'orée

Le thé n'est rien d'autre que ceci:
D'abord vous faites bouillir l'eau
Vous faites ensuite infuser le thé
Et vous le buvez comme il convient,
C'est tout ce qu'il vous faut savoir



Une fois il m'arriva de me tenir juste dans l'arc-boutant d'un arc-en-ciel, lequel remplissait la couche inférieure de l'atmosphère, teintant l'herbe et les feuilles alentour, et m'éblouissant comme si j'eusse regardé à travers un cristal de couleur. C'était un lac de lumière arc-en-ciel dans lequel, l'espace d'un instant, je vécus comme un dauphin.

03/05/2006

En plein jour

Sonnet
Homme de constitution ordinaire, la chair n'était-elle pas un fruit pendu dans le verger, - ô journées enfantes! le corps un trésor à prodiguer; - ô aimer, le péril ou la force de Psyché ? La terre avait des versants fertiles en princes et en artistes, et la descendance et la race nous poussaient aux crimes et aux deuils : le monde, votre fortune et votre péril. Mais à présent, ce labeur comblé, toi, tes calculs, toi, tes impatiences, -ne sont plus que votre danse et votre voix, non fixées et point forcées, quoique d'un double événement d'invention et de succès une raison, -en l'humanité fraternelle et discrète par l'univers sans images;
-la force et le droit réfléchissent la danse et la voix à présent seulement appréciées.

02/05/2006

Mutatis Mutandis

Un jour il pleuvait. Le chemin devenait glissant. Hồ Xuân Hương tomba subitement. Elle s'étalait de tout son corps, bras élevés derrière sa tête, jambes écartées. Les garçons ont ri. Elle improvisa tout de suite un distique :

Giơ  tay với thử trời cao thấp
Xoạc cẳng đo xem đất vắn dài



Je lève mes bras pour mesurer l'immensité du ciel
J'écarte mes jambes pour avoir celle de la terre

01/05/2006

Comme une coquille vide dans la terre creuse

Tu présumes fort, pauvre être besogneux,
Qui prétends à place dans le firmament,
Parce que ta chaumière, ou ton tonneau,
Nourrit quelque vertu oisive ou pédantesque
Au soleil à bon compte, à l'ombre près des sources,
De racines d'herbes potagères; où ta main droite
Arrachant de l'âme ces passions humaines,
Dont la souche fleurit en bouquets de vertus
Dégrade la nature, engourdi le sens,
Et, Gorgone, fait de l'homme actif un bloc de pierre.
Nous ne demandons pas la piètre société
De votre tempérance rendue nécessaire,
Non plus cette impie stupidité
Qui ne sait joie ou chagrin; ni votre force d'âme
Forcée, passive, à tort exaltée
Au dessus de l'active. Cette abjecte engeance,
Qui situe son siège dans la médiocrité,
Sied à vos âmes serviles; nous autres honorons
Telles vertus seules qui admettent excès
Gestes fiers, généreux, magnificence royale,
Prudence omnivoyante, magnanimité
Ignorante de bornes; et l'héroïque vertu
Pour qui l'Antiquité n'a pas transmis de nom
Cependant des modèles, tels Hercule,
Achille, Thésée: arrière à ta cellule.
Et si tu vois la sphère éclairée à nouveau,
Apprends à ne savoir d'autres que ces gloires là.