29/06/2006

Depuis que j'ai cessé le tabac, je deviens translucide (ou lucide, ça dépend)

Ma thèse est donc que la surface des corps émet des figures et images subtiles, auxquelles nous pourrions donner le nom de membranes ou d'écorces, puisqu'elles ont la même forme et le même aspect que les corps, quels qu'ils soient, dont elles émanent pour errer dans l'espace. C'est ce que mon raisonnement pourra faire comprendre à l'esprit le moins pénétrant.



J'ai même entendu jusqu'à six ou sept échos redire une seule parole ; car la voix, réfléchie de colline en colline, était fidèlement renvoyée. Cela se passe aux régions qui sont, au dire du voisinage, la demeure des satyres aux pieds de chèvre, des nymphes et des faunes ; par leurs courses et leurs bruyants ébats nocturnes, ces dieux troublent le silence profond de ces déserts ; ils font entendre le son des harpes et les douces plaintes que répand la flûte sous les doigts des joueurs. Les villageois entendent de loin venir le dieu Pan, lorsque secouant sa tète bestiale couronnée de branches de pin, il promène ses lèvres recourbées sur les roseaux de sa flûte et ne cesse de faire briller toutes les grâces de la muse champêtre. Bien d'autres prodiges de cette sorte alimentent les propos des campagnards, car ils ne veulent pas que leurs solitudes aient l'air désertées par les dieux. De là ces miracles dont ils nous rabattent les oreilles ; mais peut-être aussi un autre motif les guide-t-il, car le genre humain est avide de fables captivantes.

27/06/2006

Depuis que j'ai cessé le tabac, je mange du poisson cru (ou fumé, ça dépend)

La manière dont nous goûtons les saveurs, par la langue et le palais, n'est pas d'une explication moins aisée. Tout d'abord, les saveurs se font sentir à la bouche, quand nous mastiquons les aliments pour en exprimer le suc, comme une éponge se vide d'eau en la pressant de la main. Les sucs ainsi exprimés pénètrent dans les canaux du palais et dans les conduits compliqués du tissu poreux de la langue. Si leurs éléments sont lisses, si leur contact est agréable, ils chatouillent agréablement l'organe et répandent le plaisir dans l'humide séjour de la bouche. Au contraire, ils piquent et déchirent d'autant plus âprement que leurs atomes ont plus d'aspérités.



Et ce qui importe encore, c'est le choix du régime. Car il y a des aliments qui épaississent la semence et il y en a d'autres qui l'appauvrissent et la raréfient. Il ne faut pas non plus négliger le mode même du doux acte de la volupté : c'est dans la position des femelles quadrupèdes, semble-t-il bien, que la femme conçoit le plus sûrement, car les germes atteignent mieux leur but dans cette position qui abaisse la poitrine et élève les reins.

26/06/2006

Eden Park

De l'annulaire droit, j'écarte ses lèvres devenues plus charnues, plus humides, plus ouvertes et je cherche l'entrée secrète et souple qui déjà consent à ma caresse circulaire et bientôt la houle concentrique va déferler sur nous.
Quelle douleur!, quelle volupté! Là, sous les os de mon front, ici sous la pulpe de mes doigts. L'anneau que cache et montre son sexe me fait une bague à l'auriculaire, un cercle de feu qui coure le long du va-et-vient de mes phalanges et de mon crâne; est-elle au bord du frisson, absorbe-t-elle mon poison?

23/06/2006

Tirer vers la terre un lambeau du ciel

Ces notes sont juste des cailloux disposée dans un jardin miniature dont le sol contient des graines de fruit de la passion. Ce sont des pétales jetés ça et là. Certains sont de couleurs vives, d'autres froissés et fanés. Ils ne forment pas une corolle, encore moins un bouquet. Ce sont des murmures.



Ces notes comme des confidences chuchotées aux gisants pour leur donner l'envie de quitter leur lit de pierre, et d'aller hanter le lieu de l'amour.

20/06/2006

Grâce à mon moral de fer, je reste de marbre. Je suis une statue de bronze.

J’ai longtemps contemplé le ciel. Je connais la courbe que suit le soleil comme celle de tes reins. Je souris à la lune quand elle m’offre, au réveil, ton croissant. J’ai observé le dessin monotone des avions sans imagination. Les nuages sont plus créatifs, qui me composent tantôt le visage grêlé d’une sorcière, tantôt le lainage d’un mouton. Il y en a même un, une fois, qui m’a dédié une rose. Une rose blanche qu’il avait baptisé « ciel laiteux », née du croisement d’un stratus et d’un cirrus. Parfois, un cerf-volant vient rejoindre les moutons dans cette immense prairie. Quand le ciel ferme ses rideaux et se couvre, c’est que le spectacle va commencer. Du son et de la lumière. Je voudrais battre des mains si je le pouvais. Les feux d’artifices viennent m’éclairer de leurs chandelles éphémères quand l’électricité du ciel est coupée. Une fois le calme retombé, je me cuisine une étoile de ciel dans la casserole de la grande Ours. Et je digère sous ces veilleuses rassurantes.

18/06/2006

Maitrisez votre dragon

Celui qui ne sait pas se fâcher est un sot, mais celui qui ne veut pas se fâcher est un sage.

À qui sait attendre, le temps ouvre les portes.

Connaître son ignorance est la meilleure part de la connaissance.

Qui reste doux est invincible.

Il est plus facile de déplacer un fleuve que de changer son caractère.

La boue cache un rubis, mais elle ne le salit pas.

La tortue qui s'est brûlée se tait de sa douleur.

La vie de l'homme sur la terre, c'est comme un cheval blanc sautant un fossé et qui disparaît soudain.

Le dragon engendre un dragon et le phénix un phénix.

Le fond du cœur est plus loin que le bout du monde.

Le passé a plus de parfum qu'un bosquet de lilas en fleurs.

Quand un homme est fou d'une femme, il n'y a qu'elle qui le puisse guérir de sa folie.

Ce sont les vieux amis qui sont les meilleurs, ce sont les nouveaux habits qui sont les meilleurs.

Les yeux échangent leur regard et les êtres existent.

L'homme ne vit pas cent ans et se fait du souci pour mille.

On ne s'égare jamais si loin que lorsque l'on croit connaître la route.

Plus le piédestal est beau, plus la statue doit l'être.

Qui veut devenir dragon doit manger beaucoup de petits serpents.

Qui oublie les bienfaits se souvient des injures.

Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

Qui voit le ciel dans l'eau voit les poissons sur les arbres.

Si vous devez parcourir dix lis, songez que le neuvième marquera la moitié du chemin.

17/06/2006

BEST HIER !

ORDONNE TES OS A LA PERFECTION!
ORDONNE TA FIGURE A LA PERFECTION!
ORDONNE TES MAINS FROIDE A LA PERFECTION!
N'ECOUTE PAS ABRAHAM VORIAGINE, ENTRE DANS LA GLU TERRIBLE!
ORDONNE TES ORIFICES A LA PERFECTION!
PRENDS AVEC TOI TES FILLES AVEUGLES, ORDONNE-LES A LA PERFECTION!
SI TU ENTENDS LA LUMIERE, ORDONNE TON REGARD!
QUAND TU ENTENDS L'ALARME, ORDONNE TON NOM LIVIDE!
REJOINS CELLES QUI TRAHISSENT, ORDONNE TES OREILLES A LA PERFECTION!

16/06/2006

Instructions aux combattantes

Princesse est-ce là bien agir?
C'est mal de renverser le lait - Qui fait de pareilles choses?
Et pourquoi c'est mal?
Parce que - Essuie moi!

15/06/2006

La bouche d'Holopherne

Le bestiaire des enseignes pragoises, livre d'images riantes, ( Au boeuf vert, A la Rainette, Au Caneton Bleu), que je feuilletais avec un émerveillement enfantin, se transformait en catalogue d'histoires lugubres. Dans la vieille ville, la maison dite Au Chat Noir est toujours hantée par le cambrioleur qui avait égorgé trois fillettes avant d'être attaqué par le chat de ses victimes. Il avait fini à l'asile, persécuté par un matou invisible. Maintenant, son spectre rôde la nuit dans la maison et supplie qu'on le délivre du diable noir qui lui lacère la poitrine.



13/06/2006

Appareil de l'espace intérieur

Je convie les Lutins : la musique des collines prouve que le grand dieu Pan n'est pas mort. Je jette des sorts; tous les sorts sont des sentences qui élucident la serrure à mots qui est en vous. Arrêtez. Changez. Recommencez. Eclaircissez votre sentence de vie. Retournez en enfance. Jetez la lumière sur vos petits lutins comme ils existent dans mon tableau magique de deux mètres sur deux.

12/06/2006

Histoire de la nudité





10/06/2006

Paroles sans histoire

Oh! comme aux premières paroles, les vaines appréciations des indifférents à leur égard leur semblèrent une volée d'oiseaux de nuit rentrant dans les ténèbres! quel sourire ils échangèrent! quel ineffable embrassement!
Cependant leur nature était des plus étranges, en vérité! c'étaient deux êtres doués de sens merveilleux, mais exclusivement terrestres. Les sensations se prolongeaient en eux avec une intensité inquiétante. Ils s'y oubliaient eux-mêmes à force de les éprouver. Par contre certaines idées, celles de l'âme, par exemple, de l'infini, de Dieu même, étaient voilées à leur entendement.

08/06/2006

Entre chattes

Crazy horse

Epilée, mais sans fards, sa peau luisait comme au sortir du bain, brune d'un léger ton uniforme, presque noire au bout des seins, au bord allongé des paupières et dans la ligne courte du sexe



Sur le bout de la langue

Je me réveillai - plus rien ..... Seule, au pied de mon lit, Icarée, ma chatte, avait relevée son cuissot de droite et léchait avec sa langue de rose sa robe de poils roux

05/06/2006

Traité du sublime

par ordre d'apparition

Son lisse visage ; un oeuf fraîchement pondu
Ses joues : fleurs de pêcher à peine écloses
Ses dents : cornes de rhinocéros récemment taillée
Sa bouche ; cerises entrouvertes
Son menton ; poudre d'encens fraîchement pétrie
Ses mains : jade de pousses de bambou



Les cinq signes

Premièrement, elle rougit au visage
Deuxièmement, ses tétins se raidissent et son nez s'humecte
Troisièmement, sa gorge se dessèche et elle ravale sa salive
Quatrièmement, son vagin se fait glissant
Cinquièmement, les sécrétions de son vagin dégouttent entre ses fesses 

02/06/2006

Mâle/lady d'amour

Suivez moi je vous prie, aux rives Caramelles;
Là poussent les crevettes et les noirs goémons;
Et les homards, dit-on chantent matin et soir.
Ainsi dit le Yonghy-Bonghy-Bô.
Vous aurez mes fauteuils éventrés, ma chandelle,
et mon petit flacon a respirer les sels!
Vous pourrez regarder le ciel, les fonds marins
Si vous pouviez savoir quel amour est le mien!
Dit le Yonghy-Bonghy-Bô



Alors Lady Jingly répondit, attristée,
En laissant couler des larmes à chaque mot;
Votre offre cher Monsieur aurait tout pour me plaire,
Cher Monsieur Yonghy-Bonghy-Bô!
Et c'est bien volontiers que j'aurai convolé
(Dit-elle en se tordant violemment les deux pieds)
Mais voilà : en Angleterre
J'ai un mari oh, misère!
J'ai un mari en Angleterre