28/09/2007

Portrait agé léger à attraits à jets

Au domaine des Piérides je parcours une région ignorée que nul mortel encore n'a foulée. J'aime puiser aux sources vierges, j'aime cueillir des fleurs inconnues et en tresser pour ma tête une couronne unique, dont les Muses n'ont encore ombragé le front d'aucun poète.



C'est que, tout d'abord, grandes sont les leçons que je donne ; je travaille À dégager l'esprit humain des liens étroits de la superstition ; c'est aussi que sur un sujet obscur je compose des vers brillants de clarté qui le parent tout entier des grâces de la poésie. N'est-ce pas une méthode légitime ? Les médecins, quand ils veulent faire prendre aux enfants l'absinthe amère, commencent par dorer d'un miel blond et sucré les bords de la coupe ; ainsi le jeune âge imprévoyant, ses lèvres trompées par la douceur, avale en même temps l'amer breuvage et, dupé pour son bien, recouvre force et santé.



Ainsi moi-même aujourd'hui, sachant que notre doctrine est trop amère à qui ne l'a point pratiquée et que le vulgaire recule d'horreur devant elle, j'ai voulu te l'exposer dans le doux langage des Muses et pour ainsi dire l'imprégner de leur miel : heureux si je pouvais, tenant ainsi ton esprit sous le charme de mes vers, te faire pénétrer tous les secrets de la nature et te convaincre de l'utilité de ces études.

24/09/2007

Infâmes secrets fanés

SECRET N° 1
Ayez une bague d'or garnie d'un petit diamant, qui n'ait point été portée. Enveloppez-la d'un petit morceau d'étoffe de soie et la portez pendant neuf jours et neuf nuits entre chemise et chair contre votre cœur. Le neuvième jour, avant le soleil levé, vous graverez avec un poinçon neuf en dedans de la bague ce mot : SHEVA. Puis ayez trois cheveux de la personne et les accouplez avec trois des vôtres en disant : "O corps, puisses-tu m'aimer ! Et que ton dessein réussisse aussi ardemment que le mien, par la vertu efficace de SHEVA ! " Il faudra lier ces cheveux en lacs d'amour, en sorte que la bague soit enlacée dans le milieu du lacs ; et l'ayant enveloppée dans l'étoffe de soie, vous la porterez derechef sur votre cœur l'espace de six jours ; et le septième vous dégagerez la bague du lacs d'amour et ferez en sorte de la faire accepter par la personne aimée.



SECRET N° 2
Vous vous ferez immanquablement aimer de qui vous voudrez, comme il est expérimenté, si vous pouvez avoir de la personne dont vous souhaitez être aimé quelque chose qui sorte de son corps : soit de ses cheveux, de sa salive, soit de son sang, soit du linge où elle ait sué. Mettez cela avec pareille chose de vous, et entortillez-le dans un ruban rouge où vous ferez ces caractères avec votre nom et le sien, de votre propre sang :
-----N-XXXXX-N----
Roulez le tout, en sorte que les N. N. qui sont la place des noms se touchent ; puis prenez un autre ruban et liez vos caractères en lacs d'amour. Enfermez le tout dans le corps d'un moineau, et portez cela sous votre aisselle jusqu'à ce qu'il pue ; et ensuite, le mettez dans la cheminée, faisant un bon feu pour dessécher le tout.
Pendant que cela desséchera, allez trouver la personne dont vous voulez être aimé ; vous la trouverez dans une ardeur sans pareille pour vous ; si sage qu'elle ait été auparavant, vous en ferez ce que vous voudrez. Il n'y a rien de si sûr et si expérimenté.



SECRET N° 3
Ayez deux couteaux neufs, et, par un vendredi matin, allez dans un endroit où il y ait des vers de terre. Prenez-en deux, et ayant bien joint les deux couteaux ensemble, coupez les deux têtes et les queues ; et vous prendrez les corps et reviendrez chez vous, et vous mettrez du... dessus et les ferez sécher, et les mettrez en poudre pour faire manger à la personne.



SECRET N° 4
Frottez vos mains avec du jus de verveine et touchez celui ou celle à qui vous voudrez donner de l'amour.



SECRET N° 5
Pour vous faire aimer d'une fille ou femme, dites : Fille, que tu sois alliée tiercement de mon amour par SATAN, RUDAMONT, princes de tous les diables d'Enfer, je te fais commandement, Belzébud, de par le grand Dieu vivant, de faire tout ce qui est dit cy-devant, comme Jupiter a fait à la fleur de son temps. DINZOT et de DINZOT, AMASSE, RAMASSE et JOINS (signe de croix) les deux parties ensemble sans que jamais personne y puisse mettre empeschement.



SECRET N° 6
Il faut cueillir un bouquet de la main gauche, tel que l'on voudra, en disant : Je te cueille par la force et puissance de Lucifer, prince des Enfers, et de Belzébud, mère des trois Démons, qu'elle commande à Attas, à Effeton, à Canabo, son compagnon, qu'ils aillent tourmenter N. du haut en bas ; qu'en vingt-quatre heures de temps s'accomplisse ma volonté !
doit faire avant le soleil levé et à jeun. »



SECRET N° 7
Vous achetez un pot d'amaranthe, vous le mettez sur votre fenêtre, et, le premier vendredi de la lune ou du mois, avant le soleil levé, vous le mettrez sécher dans un four de boulanger dans du papier brouillard. Et, quand il sera séché, vous le mettrez dans du taffetas sur votre cœur pendant neuf jours. Et, quand la personne en prend, vous dites : Toi aimable range-toi de mon côté et demeure en moi.
Le donner dans du pain d'épice ; en vous... vous dites : DELEQUS, GRELIIS, MALIIS, CONTEMPLIS. Et nommez les noms des femmes ou des filles



SECRET N° 8
Pour l'amour de fille ou femme, il faut faire semblant de tirer son horoscope pour savoir si elle sera bientôt mariée et l'obliger de vous regarder en face et même entre les deux yeux. Et quand vous serez tous deux en pareille posture, vous réciterez ces paroles : KAFE, KASITA, NON KAFETA ET PUBLICA FILII OMNIBUS SUIS. Ces paroles dites, vous pouvez commander à la personne et elle vous obéira à tout ce que vous voudrez.



SECRET N° 9
Quand la personne dort, vous lui prenez la main en prononçant ces paroles : Cœur, je te charme : garde-moi ton amour comme la Vierge Marie a gardé sa virginité. Et vous faites trois fois le signe de la croix avec la langue dans votre bouche, en disant : Au nom du Père / du Fils / et du Saint-Esprit.

22/09/2007

La casse de l'oncle Dogme

LE CASSE-DOGME.
Notez-donc :
DÉFINITION : << ... Le Grand Jeu est entièrement et systématiquement destructeur... >>

Maintenant nous faisons rapidement remarquer que le sens commun se fait du verbe détruire un obscur concept dont la seule exposition démontre le caractère absurde (fabriquer du néant en pilonnant quelque chose). Destruction, bien sûr, ne peut être qu’un aspect de transformation, dont un autre aspect est création. (Parallèlement, il faut enlever au mot créer son absurde schéma : fabriquer quelque chose avec du néant.) Bon. Il fallait bien en finir avec ces enfantillages.



Nous sommes résolus à tout, prêts à tout engager de nous-mêmes pour, selon les occasions, saccager, détériorer, déprécier ou faire sauter tout l’édifice social, fracasser toute gangue morale, pour ruiner toute confiancce en soi, et pour abattre ce colosse à tête de crétin qui représente la science occidentale accumulée par trente siècles d’expériences dans le vide : sans doute parce que cette pensée discursive et antimythique voue ses fruits à la pourriture en persistant à vouloir vivre pour elle-mêm et par elle-même alors qu’elle tire la langue entre quelques dogmes étrangleurs.
Ce qui jaillira de ce beau massacre pourrait bien être plus réel et tangible qu’on ne croit, une statue du vide qui se met en marche, bloc de lumière pleine. Une lumière inconnue trouera les fronts, un oeil mortel, une lumière unique, celle qui signifie: "non!"; s’il est vrai que nier absolument le particulier, c’est affirmer l’universel, ces deux points de vue sur le même acte étant aussi vrais l’un que l’autre, puisqu’ils sont pris sur la même réalité 1.
Cette réalité, qui n’est rien de formel, est essence en acte: conscience qui affirme et nie. L’essence universelle de la pensée est donc la négation ne peut être une. Et par elle seule les formes apparaissent; elles ne sont rejetées à l’existence distincte que par cet acte unique de la conscience qui les nie être elle-même. (Voilà - changeons un peu - pour que l’on puisse fonder des espoirs sur notre philosophie.)
Si les dogmes sont des formes de la pensée, la pensée universelle, qui est la vérité de tous les dogmes, est une négation de tous les dogmes. Et nécessairement notre pensée, qui veut être la pensée, doit remplir une fonction de casse-dogmes.
Cette fonction présente deux aspects:
1. Elle est destructrice dans le domaine des formes: aucun dogme ne peut échapper à sa critique. Et cette menace n’est pas vaine, car nous sommes entourés d’hommes qui veulent saisir la vérité dans une forme en ne tenant que la forme. Un tel homme, en nous approchant, risque sa vie. Nous avons tout lieu en effet de supposer que le dogme qu’il affirme est lié aux formes des fonctions vitales. (Elles sont communes à tous les hommes; par une erreur fréquente, on les croit universelles alors qu’elles sont seulement générales; il y a donc beaucoup de chances pour que le dogme soit fondé sur des fondements vitaux qui, plus que toute autre chose, peuvent être les fantômes de l’universel.) Notre fonction de casse-dogme s’attaquera par conséquent aux formes et à l’organisation de la vie humaine, lorsqu’il nous faudra faire apparaître le caractère relatif des formes de pensée qui sont leurs simples reflets.
2. Le second aspect du Casse-Dogme n’est plus Dogme mais Casse et ne regarde que
SOI-MÊME

17/09/2007

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Mes amis, il n’est pas nécessaire de s’élever bien haut au-dessus de la terre pour perdre de vue ce miroitement confus et ne plus avoir les yeux emplis que de quelques lignes divines. Il est une oreille pour laquelle les clameurs et les vociférations qui nous assourdissent sont un flot d’harmonies. Mais nous sommes les pauvres musiciens, et nos corps les instruments,les sons discordants qu’on en tire n’ont-ils d’autre but que de monter,monter toujours, pour enfin, s’évanouissant doucement comme un soupir de volupté,aller mourir aux oreilles célestes?...



L’éther aux yeux d’or est-il donc un plat de carpes dorées sur la table des dieux bienheureux,et les dieux bienheureux se réjouissent éternellement,et les poissons meurent éternellement,et les dieux se réjouissent éternellement du jeu des couleurs de l’agonie.

16/09/2007

La vie l'amour la mort le vide et le vent

Pourtant, si je devais rester plus longtemps parmi ou hormis
les hommes, c’est ce que tu choisis, que je choisirais; je me ferais
rustre comme toi, mais plus sauvage encore, plus fauve; j’irais
manger du pain de châtaignes dans les montagnes du Vivarais;
j’irais me faire chasseur d’ours aux Pyrénées, charbonnier aux
Ardennes, ou bûcheron aux Alpes. Mais, aujourd’hui, ce n’est
plus assez; à quoi bon? quand j’userais ma vigueur à des travaux
stupides, à manier la hache, la pioche ou la hie; à quoi bon,
quand je me ferais le cœur calleux comme les mains? Ce n’est
plus l’abrutissement qu’il me faut, c’est le néant! Mais toi, tu ne
veux plus du néant, tu veux vivre; vis, je mourrai seul!
Or, voici pour le serment que tu m’avais fait et que tu trahis.
Et voici pour le mien que je parjure aussi.



Le mien, c’est un serment juré à une femme, à une femme
forte; un jour, qu’épuisés tous deux, étreints, confondus, mon
visage caché sous ses cheveux blonds que ma bouche mâchait et
dont j’aimais à me voiler; nous creusions profondément le passé,
nous causions de nos malheurs, de nos amours, veux-je dire, car
nos amours ont été affreuses, car mon amour est fatale, car je suis
funeste comme un gibet! Pauvre fille, à qui t’étais-tu donnée!...
Oh! que tu as souffert à cause de moi!... J’ai été bien injuste!...



Qu’ils viennent donc les imposteurs, que je les étrangle! les
fourbes qui chantent l’amour, qui le guirlandent et le mirlitonnent,
qui le font un enfant joufflu, joufflu de jouissances, qu’ils vien-
nent donc, les imposteurs, que je les étrangle! Chanter
l’amour!... pour moi, l’amour, c’est de la haine, des gémisse-
ments, des cris, de la honte, du deuil, du fer, des larmes, du sang,
des cadavres, des ossements, des remords, je n’en ai pas connu
d’autre!... Allons, roses pastoureaux, chantez donc l’amour,
dérision! mascarade amère!

13/09/2007

Dans le lit, le corps y dort

C'est un homme ou une pierre ou un arbre qui va commencer le quatrième chant. Quand le pied glisse sur une grenouille, l'on sent une sensation de dégoût ; mais, quand on effleure, à peine, le corps humain, avec la main, la peau des doigts se fend, comme les écailles d'un bloc de mica qu'on brise à coups de marteau ; et, de même que le cœur d'un requin, mort depuis une heure, palpite encore, sur le pont, avec une vitalité tenace, ainsi nos entrailles se remuent de fond en comble, longtemps après l'attouchement. Tant l'homme inspire de l'horreur à son propre semblable !



Peut- être que, lorsque j'avance cela, je me trompe ; mais, peut-être qu'aussi je dis vrai. Je connais, je conçois une maladie plus terrible que les yeux gonflés par les longues méditations sur le caractère étrange de l'homme : mais, je la cherche encore... et je n'ai pas pu la trouver ! Je ne me crois pas moins intelligent qu'un autre, et, cependant, qui oserait affirmer que j'ai réussi dans mes investigations ? Quel mensonge sortirait de sa bouche ! Le temple antique de Denderah est situé à une heure et demie de la rive gauche du Nil.



Aujourd'hui, des phalanges innombrables de guêpes se sont emparées des rigoles et des corniches. Elles voltigent autour des colonnes, comme les ondes épaisses d'une chevelure noire. Seuls habitants du froid portique, ils gardent l'entrée des vestibules, comme un droit héréditaire. Je compare le bourdonnement de leurs ailes métalliques, au choc incessant des glaçons, précipités les uns contre les autres, pendant la débâcle des mers polaires. Mais, si je considère la conduite de celui auquel la providence donna le trône sur cette terre, les trois ailerons de ma douleur font entendre un plus grand murmure !



Quand une comète, pendant la nuit, apparaît subitement dans une région du ciel, après quatre-vingts ans d'absence, elle montre aux habitants terrestres et aux grillons sa queue brillante et vaporeuse. Sans doute, elle n'a pas conscience de ce long voyage ; il n'en est pas ainsi de moi: accoudé sur le chevet de mon lit, pendant que les dentelures d'un horizon aride et morne s'élèvent en vigueur sur le fond de mon âme, je m'absorbe dans les rêves de la compassion et je rougis pour l'homme ! Coupé en deux par la bise, le matelot, après avoir fait son quart de nuit, s'empresse de regagner son hamac : pourquoi cette consolation ne m'est-elle pas offerte ?



L'idée que je suis tombé, volontairement, aussi bas que mes semblables, et que j'ai le droit moins qu'un autre de prononcer des plaintes, sur notre sort, qui reste enchaîné à la croûte durcie d'une planète, et sur l'essence de notre âme perverse, me pénètre comme un clou de forge. On a vu des explosions de feu grisou anéantir des familles entières ; mais, elles connurent l'agonie peu de temps, parce que la mort est presque subite, au milieu des décombres et des gaz délétères : moi... j'existe toujours comme le basalte !

10/09/2007

Grand R de petit rat

Toi qui vois au-delà des toits, comment peux-tu savoir cela ? Avant de trouver le courage de boire le vin vert des jardins à la nuit tombée, je croyais qu’être de faction était une forme de constance, et j’allais même jusqu’à en tirer fierté. Et même si le dernier étage communiquait avec le ciel, jamais je n’y allai ; car, dans le Théâtre de la rue de la Gaîté, je vis un jour une pièce où ce que le récitant disait était vrai :



Osant fuir son dédale de réverbères et de briques, qu’il avait construit dans un élan altruiste et superficiel, un ingénieur s’envola par la fenêtre au moyen d’un engin improvisé. Son fils aimait voler, et c’est pour ça qu’il mourut. Pour être précis, il connut la dissolution entre les cuisses ignées d’une femme. Laquelle fut fécondée froidement par l’ingénieur. C’était une putain marocaine qui gardait son chemisier, et quand le fils caressa ses cheveux elle dit : Non, pas la tête ; ne touche pas ma tête. Quand il toucha ses fesses, elle grimaça et le réprimanda farouchement. C’est alors qu’il bascula dans la défunte luxuriance des feuilles de marronniers et s’écrasa contre la Tour de Jean Sans Peur. Mais revenons au père, dont le périple fut sans ambages : Elle le suça sèchement sans recracher puis, quand il la pénétra sur le lit, elle se contenta de râler et gémir de douleur. Au dernier moment, elle se redressa d’un bond et s’écria en grimaçant : on crève de chaud ! puis elle ouvrit la fenêtre et pissa dans le lavabo, les chevilles dégoulinantes de sueur. L’Algérienne et elle durent duper notre ingénieur, car quand le récitant demanda : Quelle est la couleur du désir ? ce dernier resta coi. Bien sûr, il n’avait pas le droit de pleurer la mort de son fils, sous peine de connaître un sort semblable. Et tous ces soirs où le ciel ne fut que menstruation, des ailes blanches se déployèrent dans la flamme de la bougie, mais ses yeux ne voulurent pas les voir. Prenant l’air pour de la terre, il expliqua : si je pouvais voir à travers le sol, je ne verrais que des ossements. Aussi tourna-t-il dans le ciel, célébrant son succès avec ceux dont les ventres sont des cimetières de vignes. On dit qu’il tourne encore, qu’il est poussière, herbe ou chair.



Quant à moi, je refusais de voler sans rien ressentir. Mieux vaut hocher la tête tel un pigeon, qui va et picore sans penser à rien ! Du fond de mon propre dédale, j’implorai : Si jamais une étoile voulait bien se donner à moi, faites qu’elle cesse de tourner. – Le récitant répondit : Mais alors elle aussi périrait dans les flammes, au lieu de végéter dans l’illusion du mouvement.

05/09/2007

Corps et âme! Aaaah.... merci!

Qu'est-il de plus éternellement aimable qu'un corps endormi venant de jouir, qu'un corps que l'on vient de faire jouir, qu'un corps endormi que l'on vient faire jouir, qu'un corps ami ayant juste joui, qu'un corps endormi que l'on aime, qu'un corps que l'on a aimé faire jouir, qu'un corps ami que l'on aime venir endormir, qu'un corps que l'on aime voir dormir, qu'un corps endormi que l'on aime faire jouir, qu'un corps qui jouit et qui dort, qu'un corps que l'on aime endormi, qu'un corps que l'on fait jouir, qu'un corps ami qui jouit, qu'un corps que l'on aime qui jouit, qu'un corps endormi que l'on vient faire jouir, qu'un corps qui dort que l'on vient de faire jouir, qu'un corps qui vient de jouir pour s'endormir, qu'un ami que l'on vient voir dormir, qu'un corps que l'on ne connaît qu'endormi et ayant joui, qu'un ami que l'on aime endormir, qu'un corps ami que l'on aime faire jouir, qu'un corps que l'on aime endormi, qu'un corps endormi et ami ayant joui, qu'un ami dont le corps endormi jouit, qu'un ami endormi que l'on connaît, qu'un corps ami que l'on connaît, qu'un corps connu et endormi, qu'un corps ami et endormi, qu'un endormi qui jouit, qu'un corps venant de s'endormir, qu'un ami que l'on connaît qui dort, qu'un ami qui aime qu'on le fasse jouir, qu'un corps ami qui aime dormir, qu'un corps ami endormi qui a joui, qu'un corps ami qui aime jouir, qu'un ami endormi qui jouit, qu'un ami endormi ayant joui, qu'un corps endormi qu'un ami vient faire jouir, qu'un ami que l'on aime, qu'un corps endormi ami ayant joui, qu'un corps ayant joui qui s'endort, qu'un corps ami ayant joui aimant s'endormir contre un ami, qu'un ami ayant joui qui s'endort contre un corps qui l'aime, qu'un corps d'un ami endormi que l'on vient faire jouir, qu'un ami ayant joui que l'on aime voir dormir, qu'un corps endormi que l'on vient aimer voir dormir, qu'un corps ami qui aime que l'on vienne l'endormir, qu'un corps endormi et ami qui aime un ami pour dormir, qu'un ami qui dort presque que l'on vient faire jouir pour le voir s'endormir contre un ami qui aime le voir jouir puis dormir, qu'un corps endormi et ami qui dort contre un ami qui vient aimer venir voir un ami qui attend un ami avant de jouir et de s'endormir, qu'un corps presqu'endormi qui s'endort en attendant de jouir, qu'un corps presqu'endormi qui s'endort en attendant son ami, qu'un ami endormi étendu ayant joui, qu'un corps endormi attendant qu'un corps qui ne dort pas vienne, qu'un ami attendant un ami, qu'un corps attendant un ami pour jouir, qu'un corps n'ayant pas joui attendant son ami, qu'un ami endormi attendant son ami qui vient dormir, qu'un ami attendant un ami pour dormir et pour jouir, qu'un corps endormi attendant un ami ne dormant pas pour jouir puis pour dormir contre l'ami venu dormir et le faire jouir, qu'un corps attendant le sommeil et un ami, qu'un corps endormi que l'on aime endormi et ayant joui qui attend qu'un corps ami vienne le faire jouir et dormir contre lui, qu'un ami ne dormant pas encore attendant un ami venu le faire jouir et le faire s'endormir, qu'un corps ami ayant envie de dormir et de jouir ne dormant pas encore, qu'un corps endormi qu'un ami ne dormant pas vient faire jouir et aimer voir dormir, qu'un corps presqu'endormi attendant son ami pour jouir, qu'un corps presqu'endormi attendant son ami pour s'endormir contre lui venu aimer son ami, qu'un ami presqu'endormi dont le corps attend qu'un ami qui ne dort pas vienne puis s'endorme contre lui, qu'un corps ami dont le corps aime s'endormir contre un ami, qu'un corps ami presqu'endormi attendant un ami pour jouir puis s'endormir, qu'un corps aimant dormir avec son ami, qu'un ami dormant avec son ami ?

02/09/2007

Le drainage de Nymphes, fini?

FERO: « D’emblée je me suis réveillé avec une moitié du corps bien disposée sans savoir
laquelle, et un vague résidu de sommeil farfouillant vers le lieu du bruit, dans l’autre. Une
Voix me disait : “Tu rêvais bien avant de naître ; au lieu de l’autre l’être double au milieu
des songes rêvait déjà. Sais-tu qu’en naissant le couteau sépare le corps du rêve en deux parts
et que l’une tombe vers le jour,l’autre bascule vers la nuit.Tu fus créé de père inconnu et raccommodes
avec des mots les morceaux d’un mort; tu maries ton rêve qui le restaure et tu
rêves en mots. Le rêve et les mots sont réels mais l’univers n’est que chimère,hormis la voix
morte que je transcris.La voix défèque sur la page un déchet de songe.”
Rumeurs et rêve ne se présentèrent pas à moi en une seule et complète sensation avant que
j’eusse allumé la lampe circonspective de l’invisible intérêt bourdonnant. L’irréel est un lieu
commun,et l’invisible une tension suintante.



C’est d’abord le Chaos. Linges par terre. Je donne des coups de pied dedans. Comme la
sortie d’un sommeil de plomb,un réveil difficile,car chacun des vêtements est comme un personnage
des Enfers qui me saisit les pieds,refuse de me lâcher... Et dans ce groupe de personnes
qui viennent chez moi et parlent, tous rapportent des morceaux divers.
L’hétérogénéité de leurs discours n’est soutenue que par l’homogénéité du groupe.



Il y a dans leur Vrac des dessins pris, des collages, des rêves qu’on vient voir, des photos,
des montages,sans aucun autre souci que de vérité pratique,car plus encore que le ventre des
batraciens, toute société ne doit tendre qu’à sa propre disparition, dévorée de ses gaz et de
ses puanteurs. Il n’y a pas de post-nietzschéisme, sauf quelques Énormes : Welles et les
Sumoka. Quant à la différence entre la rainette et le triton marbré, bornons-nous à dire
qu’elle glisse des urodèles aux anoures.



Des faux amours peuvent mener à de vrais rêves, à l’inverse de ce que Fronésis dit ailleurs
à propos des “typons”. J’entendais parfois en moi une gutturalité de voix poundienne. Je
déclamais : “EDWARDWAS, ANDTHEWAR. EDWARDSELBYOVERTHEWALL!”“WHERE
AREYOU, EDWARDSELBY?”, les r ricochant, presque grailleux, irlandisés, shakespearisés.
S’agissait-il d’une parodie ?
La plupart des gens ignorent presque tout des égrégores.