L’UNIVERS est fait de SANG
Dans mon COU / du sang
DANS ce cou / LA lune
L’UNIVERS est fait de Miel
LA lune de miel / pleine de SANG
L’univers EST fait de SOLEIL
MON sang / ce SOLEIL
Dans la LUNE / le soleil
Dans le cou / L’UNIVERS
Dans le SANG / LE soleil
LE COU de l’UNIVERS est
OFFERT A la LUNE
Dans MON COU / La LAME
COULE le sang
De la LUNE
Premier rêve
Je TE raconte un rêve /
Je flânais dans les rues, PASSANT aux abords de
l’Anciennement RUE aux Juifs
Je passe près du cimetière, le cimetière est OUVERT / A l’heure DES funérailles
Des morts sont couchés là, sur des tréteaux, bientôt descendus sous la TERRE, / LE visage recouvert d’un linge
Et je vois un rabbin, qui PLEURE, plus fort que tous les autres /
Je le vois il murmure, soupire, gargouille des paroles incompréhensibles
SON visage sous un GRAND chapeau, tête baissée – tu ne discernes RIEN DU visage
Le rêve est DE mauvais augure / Car Maïmonide a écrit que les PAROLES du rêve sont immondes SI on n’en peut avoir l’INTELLIGENCE
Si on ne PEUT discerner qui LES dit /
Dans le rêve autant que je me SOUVIENNE j’ai vu les morts étendus de leur LONG mais les visages étaient RECOUVERTS d’un linge /
Moi-même, je me suis aperçu que j’étais SORTI en pleine rue le visage recouvert de crème LAVANTE
De crème QUE je n’ai pas rincée
A ce stade du rêve, je dois trouver des latrines / Publiques afin de me purifier le visage
Mon visage flou, couvert de crème LAVANTE
C’est le propre des rêves de MAUVAIS augure de rester flous / POUR que tu ne te souviennes pas de ce dont ils préviennent
C’est le propre des MAUVAIS rêves / QUE font les RÊVEURS aux JOUES sales
Dans les latrines est entré après moi CE vieil homme qui a fermé le loquet sur la PORTE
J’ai vu à son visage que le MIEN ne l’effarait pas /
IL a relevé le LOQUET de la porte pour faire entrer un troisième HOMME
Les DEUX hommes ont tenté de ME VIOLER mais j’ai pu m’enfuir
Je suis SORTI le visage recouvert de crème lavante que le VIOL m’avait empêché de purifier
Je suis sorti des latrines dans l’air PUR et j’ai dit MAINTENANT REVEILLE-TOI ! /
Ces paroles qui / Sortaient de moi je les ai entendues ET en ai eu l’intelligence
J’ai vu qui LES a dites
Je me suis vu comme / Au creux D’UN miroir
Les miroirs sont REDOUTABLES car, tel le sexe, ILS MULTIPLIENT LES HOMMES
Ces paroles étaient d’essence DIVINE
Deuxième rêve
Les traits sont FLOUS, mais petit à petit l’identité se fait jour ; je connais cette fille, encore que très peu en définitive : dans la vie on l’appelle SOLENE (je crois).
Assez JOLIE, son teint pâle, maladif même. Une grande fille maigre et mal à l’aise, taiseuse toujours, comme j’aime.
Solène vêtue mais aux pieds nus, en dépit de la présence d’autres personnes à table où nous sommes. Mais je ne les vois ni ne les connais pas, les AUTRES, je n’ai de pensées que pour la pâle Solène. Qui me dévisage énormément.
Sous la table, je ne sais comment, je parviens à m’emparer de ses deux pieds, beaux frêles animaux froids, que j’entreprends de réchauffer dans mes doigts.
JE masse longuement ses pieds, avec application, AMOUR presque. Solène ne proteste pas ; si elle est gênée, c’est à peine s’il y paraît. Ses yeux tristes me fixent. Enfin elle attrape les miens : mes deux pieds déchaussés (je ne m’étais pas rendu compte) dans ses propres mains longues, fines.
Nous NOUS massons, les jambes tendues, le souffle coupé.
Au fond, le contact de ses pieds, de la pulpe des orteils, le derme épais, mou, quasi humide sous les doigts, me dégoûtent un peu, quand même je brûle de lui baiser. Je songe qu’il faudra me laver soigneusement les mains. Du reste, Solène finit par retirer ses deux extrémités d’entre mes paumes. Mais elle saisit mes MAINS et les presse avec violence sous la table ; son sourire est si beau, ses deux grands yeux profonds, vides.
Au réveil, brusque, je reste imprégné jusque dans la salle d’eau, jusque dans la CUISINE, jusques aux cabinets d’un sentiment d’intense bonheur amoureux. Je voudrais mieux connaître Solène. Je songe à l’étude curieuse du Gros orteil qu’a donnée en SON temps Georges Bataille.
1 commentaire:
Jadis j'avais un rosier qui fleurissait rouge. J’en ai conservé toutes les fleurs enfermées dans un boite; avec le temps elles se sont flétries comme de vieilles momies embaumées prenant une couleur lie de vin avec des reflets d'or.
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