31/10/2006

Nouvelles tendances du futur

Voici qu'approche la lumière; la nuit cherche à se retirer.
Voici que la lumière arrive et que la nuit vaincue s'éloigne.
Muses faites retentir vos louanges d'une voix sonore



Chante la première Clio: "Fleur du clergé, salut perpétuel!"
Euterpe, dis ensuite : "En fleurissant, recueille les bonheurs!"
Et dis, Thalia :" Porte toi bien, tant que croissent les quartiers de lune!"



Acquiesce, Melpomène : "Tant que souffle les froidures de l'hiver!"
Et ajoute, Tetpsichore : "Sois heureux et bien portant dans les siècles!"
Pour lui, je demande aussi à Calliope d'entonner de doux chants.



Uranie, dis aussi: "Qu'il vive grandi par les vertus."
Orne-le des bonnes moeurs, et rends-lui Polymnie, les honneurs.
Et parle à présent, Erato : Qu'il soit en son corps heureux dans ce monde.



Heureux dans ce monde, mais plus tard plein de joie dans l'au-delà
Où plaisants l'un à l'autre, les bienheureux jubilent sans fin."
"Sois bien, vis et prospère!", reprenez toutes en coeur Camènes.



"Retiens autant de joies que les vagues de la mer ont de gouttes,
Autant que les herbes qui poussent, que les poissons de l'Océan."
Porte-toi bien , ô mon souffle.

29/10/2006

Promenade dans les Quartiers Nord

Structure fractale du plaisir
Il dit : les commencements obéissent à des lois obscures. Les atomes tourbillonnaires sont projetés à travers l'infini, se heurtent dans le grand vide, puis il viennent à s'agencer. Et c'est la fin de l'errance, même si la combinaison née d'un choc aveugle, promet autant de turbulences destructrices que de mouvements régénérateurs.



Jouissance de la chimère
Dans la ville ou j'ai grandi, les fleurs de cerisier envahissent les maisons et les jardins au Nouvel An. Cette floraison délicate aux teintes nuancées annonçait le commencement d'une autre ère - l'espoir d'une révolution mentale.



S'endormir dans l'extase
Dans l'ile Kampa vivait un poète qui s'était jeté dans la solitude comme dans un dédale. Il habitait près du moulin de monsieur Hibou. Quand il se couchait il trouvait un autre qui occupait sa place. Le dormeur enroulé dans ses couvertures, c'était sa folie.

27/10/2006

Immannéantisation de la différence

J'ai deux chats à petites manches dont le collier est jaune et des perdrix avec un ruban bleu, du bleu des émaux d'Egypte.



Muola la petite chienne née sous le lit de Publuis, dort sur le dos. Elle respire plus doucement qu'un enfant qui a encore le lait sur les lèvres. Je sens sa patte caressante la nuit sur la peau de mon bras parce qu'elle demande de pisser.



Dans la haie, sur l'arbre exfolié et sur le mur de pierre sèches des petits moineaux nourrissaient leur petits.
Je songeai à un palais en ruine.
Le ballet des servantes et des nourrices et les nourrissons nourris avec le doigt.

24/10/2006

L' invisible indiscernable

L'objectif suit les yeux, la bouche, les rides à fleur de peau ..... L'expression du visage est violente, parfois tragique. Enfin calme - du calme conscient, élaboré, des acrobates. Un sourire professionnel -- et voilà!
Reparaissent la glace à main, le rouge et la poudre aux yeux. Un temps. Un pont. Alinéa.
Je recommence.



Mais quel manège ridicule pour ceux qui n'ont pas vu -- et je n'ai rien montré -- les obstacles, les abîmes, et les degrés franchis.
Vais-je donc m'embarrasser de tout l'attirail des faits, de pierres, de cordes tendrement coupées, de précipices ..... Ce n'est pas intéressant. Devinez, rétablissez. Le vertige est sous-entendu, l'ascension ou la chute.
Faudrait-il pour leur plaire suivre pas à pas l'inconnue, l'éclairer jusqu'à la cheville? Les talons éculés, la boue, le saignement de pied -- humbles et précis témoignages -- sauraient toucher quelqu'un. Tandis que .....
Non. Je suivrai le sillage dans l'air, la piste sur les eaux, le mirage dans les prunelles.



Je ne voudrais coudre, piquer, tuer, qu'avec l'extrême pointe. Le reste du corps, la suite, quelle perte de temps! Ne voyager qu'a la proue de soi-même.

23/10/2006

Post-scriptum à la transparence

• - Hum... Trixie, tu es vachement sexy toute enserrée dans ta combinaison de cuir...
• - Merci mon chou... Je n'aime m'habiller qu'en cuir ou en skaï; j'aime être sculptée par ma tenue.



• - Tu permets que je passe mes doigts dans ta longue et soyeuse chevelure rousse qui caresse tes épaules ?
• - Oh toi alors, tu sais parler aux femmes !
• - Mais... Tu portes une perruque !
• - Ben oui... Attends, je l'enlève...
• - Tu es chauve !
• - Ca te dérange ?
• - Non, non... Tant que je peux me noyer dans tes grands yeux verts...



• C'est bizarre, on dirait que tu as une pupille de travers.
• - En fait, je porte des lentilles colorées.
• - Ah.
• - J'ai de la peine à les faire tenir en place. Allez, je les enlève puisque tu as découvert le pot au roses !



• - D'un coup, ton regard est beaucoup plus visqueux...
• - Grand fou, va ! Encore une fine allusion pour que je m'effeuille intégralement ! Descends donc la fermeture-éclair dans mon dos, délivre-moi de ma chrysalidre !
• - Oh oui ! Je suis tout excité !



• - Qu'est-ce qui t'arrive mon mignon ? Tu ne dis plus rien ?

20/10/2006

Belles choses kaléidoscopiques

Les signes du bonheur
Tels sont les signes du bonheur:
Une fortune héritée.
Une langue précise, l'accent de ceux qui n'ont pas d'accent.
Un parc varié, ombragé, montueux et profond.
Un corps robuste.
Des amis dissemblables, loquaces, qui savent lire, mais aussi convives indulgents et un peu grossiers.
Le visage d'un homme dont les yeux trahissent toutes les émotions à l'égal d'un miroir d'Orient.
Un sommeil de cinq heures pour peu qu'il soit ininterrompu.
La compagnie d'un homme qui aime le plaisir, c'est à dire la politesse du plaisir.
Une épouvante mesurée à l'endroit de la mort.
Prendre un bain.
L'usage de la lyre.



Le bonheur
Errer aux alentours de la rue de Subura.
La onzième heure et le bavardage à l'heure où les boutiquiers ferment .
On reçoit des tablettes vitelliennes.
L'ivresse avant le sommeil

18/10/2006

Esthétique de la limite dépassée

Le commentateur
Trois jours il resta dans cette prostration divaguante, se complaisant, peut être, dans ces gestes mécaniques, mais pourrissant seul. Le quatrième jour le soleil le réveilla gai et il sortit dans la rue promenant l'habituelle bêtise de son bonheur. Et devant la première passante un peu potable rencontrée :



LUI

Bonjour, Mademoiselle, j'ai l'impression que vous êtes seule ..... Puis-je vous accompagner?



Le commentateur
Et il pensait: tu t'en fiches, elle ou une autre, tu t'en fiche, elle ou une autre, elle ou une autre.



Voix d'un ami
Qu'est-ce que tu appelles "l'amour"?
LUI
Je ne sais pas ....
.....Lorsque deux âmes ou deux corps de puissance égale se rencontrent non seulement pour se donner de la joie, mais aussi l'orgueil de se posséder pour toujours - un moment .....



ELLE

Je sais, la douleur de l'ancien amour nous glace. Elle crée une sorte de carapace d'où on ne peu sortir qu'en faisant des gestes pratiques, ordinaires et laids.
Certains hommes ne peuvent pas imaginer qu'on puisse sortir de leur ancienne belle douleur vers une autre terrible exaltation, par un passage, par un tremplin, par un détroit si mesquin .... Mais pourtant c'est cela la vérité quotidienne.
Vous payez par ces vulgarités (accrochage dans la rue, lettres, mots conventionnels) le prix du bonheur de demain.

17/10/2006

Muscae volitantes

Maladies des yeux
On a découvert que l'huile de vipère était d'une grande utilité pour les maladies des yeux :
Prenez une chausse d'hypocrate faite avec de la vieille toile de lin : mettez y une vipère grasse; suspendez là au soleil et mettez au-dessous de sa pointe une fiole pour recevoir l'huile à mesure qu'elle en distille goutte à goutte. Appliquez sur les yeux




Maux de dents

Prenez deux taupes vivantes, tenez les dans chaque main en les pressant un peu sans les étouffer, jusqu'a ce que la chaleur, ou la seule contrainte qu'elles souffrent, les fasse mourir; ce qui arrive au bout de cinq heures, pendant lesquelles on ne doit pas lacher prise.
Les taupes étant mortes, on les met dans un pot de terre neuf, et non vernissé, qu'on lute bien avec une quantité d'eau suffisante pour décomposer exactement ces animaux par l'ébulition. Il faut un feu doux que l'on entretient avec des cendres chaudes et qu'on laissera mitonner à petits bouillons pendant vingt- quatre heures.
Après ce temps surnage une graisse dans laquelle est contenue toute la vertu.

12/10/2006

Sic nostrum late corpus vanescit amore

ELLE
A sa maison de cèdre, la colonne d'ivoire sur laquelle repose toute la maison : la blancheur de la neige, la clarté de la lune, l'éclat du soleil, la splendeur des étoiles, le parfum des roses, la beauté du lys et la douceur du baume, la fertilité de la terre, la sérénité du ciel et toute la douceur qui peut-être contenue en eux.
LUI
A celle qui ruisselle de lait et de miel, la blancheur du lait et la douceur du miel : l'écoulement de toute délicatesse et l'accroissement d'une joie salutaire.
ELLE
A son sceau, profondément imprimé à l'intérieur de son esprit.
LUI
Au vase inépuisable de tout ce qui fait ses délices.
ELLE
Au plus doux protecteur de son âme, planté à la racine de sa tendresse.



LUI
A son trésor incomparable, le plus délectable de tous les délices du monde
ELLE
A son joyau, plus agréable et plus radieux que la lumière présente.
LUI
A sa lumière la plus claire et son solstice qui jamais ne glisse dans l'ombre des ténèbres
ELLE
A la prunelle de son oeil; l'esprit de Bézéliel, la force des trois tresses, la beauté du père de la paix, la profondeur d'Ididie.
LUI
A la rose immarcescible qui s'épanouit en fleur de la béatitude.



ELLE
A l'inépuisable source de la douceur, la part indivise de son âme.
LUI
A plus resplendissante que l'argent, plus brillante que toute pierre précieuse,
ELLE
Au lys, le troène : puisse tu fleurir sans cesse
LUI
A son oeil sidéral : qu'il voie toujours ce qui lui plaît et ne sente jamais ce qui lui déplaît.
ELLE
A celui sur qui mon esprit et mon oeil porte des regards jamais infléchis



LUI
A celle surpassant toutes les épices en parfums et saveurs, celui que tes nouveaux dons et tes joies restaurent sans cesse.
ELLE
A son unique : la joie qu'aucun chagrin ne corrompt.
LUI
A la frondaison des bois, embaumée du parfum de tous les genres de vertu: sa fleur et son lys.
ELLE
A l'aromate d'une parfaite élégance et d'un parfum supérieur, dont le germe de douceur est multiplié cent fois dans l'étendue du désert : une pleine lune.
LUI
A la rose rougissante dont ni l'esprit ni la langue ne suffisent à faire la louange : les délices d'un amour impossible à dénouer.

08/10/2006

Plonger dans l'inconnu

Les caméléons, des créatures vraiment exceptionnelles. Leur façon de changer de couleur. Rouge. Jaune. Citron. Rose. Lavande. Et saviez vous qu'ils adorent la musique.
"Vous ne me croyez pas?"



Dans le courant de l'après midi, elle m'a raconté bien des histoires curieuses. Comment la nuit son jardin se remplit de phalène géants. Que son chauffeur, un personnage solennel qui m'a conduit à la maison dans une mercédès vert sombre, condamné pour avoir empoisonné sa femme, est un évadé de l'île du Diable. Et elle m'a décrit un village haut perché dans les montagnes au nord, entièrement peuplé d'albinos : "des petits bonshommes aux yeux roses et blancs comme de la craie.



Après quelque temps les caméléons s'accumulèrent. Une douzaine, puis une autre douzaine, verts pour la plupart, certains pourpre ou lavande. Ils filèrent à travers la galerie pour se précipiter dans le salon, public attentif et sensible ou la musique jouait. Puis cessa de jouer car, mon hôtesse se leva, frappa du pied et les caméléons s'éparpillèrent comme les fragments d'une étoile éclatée. Sur quoi elle me considère : "Et maintenant? C'est vrai?
En effet. Mais cela parait si étrange.
Elle sourit : "l'île entière baigne dans l'étrangeté. Cette maison même est hantée. De nombreux esprits habitent ici. Et pas dans l'obscurité. Certains se montrent à la pleine lumière de midi, effrontés comme ce n'est pas permis. Impertinents."

04/10/2006

L'énigme des clefs

Qu'on m'enlève une lettre,
Qu'on m'en enlève deux, trois ou quatre
Je suis toujours le même.

Du repos des humains, implacable ennemie,
J'ai rendu mille amants envieux de mon sort;
Je me repais de sang et je trouve ma vie
Dans les bras de celui qui recherche ma mort.

Enfant de l'art, enfant de la nature,
Sans prolonger les jours, j'empêche de mourir;
Plus je suis vrai, plus je fais d'imposture,
Et je deviens trop jeune à force de vieillir.



Même si je n'ai pas le bonheur de vous plaire,
Je n'en serai pourtant pas autrement surpris
Car vous auriez, lecteur; et beau dire et beau faire
Jamais je ne serais un jour de votre avis;
Même en me renversant, je vous en avertis,
Vous ne me feriez pas changer de caractère.

Tant que je vis, je dévore
Dès que je bois, c'est la mort.

Quand je sers d'enveloppe je protège
Quand je suis une faute, je dérange
Quand je suis sur un ring, je protège encore

Devine-moi car j'en suis digne
Je me cache lorsque je sers
Je suis souvent dans les vers
Et l'on me trouve à chaque ligne.



Je viens sans qu'on y pense
Je meurs en ma naissance
Et celui qui me suis
Ne vient jamais sans bruit.

Je suis, cher candidat, tout au bout de ta main.
Je commence la nuit et je finis demain.

Je contiens une seule lettre, je débute par e et je me termine par e.

Quand j'ai deux s on peut me manger. Quand on m'en retire un on ne le peut plus.

Il dévore toutes choses,
Oiseaux, bêtes, arbres, fleurs.
Réduit les dures pierres en poudre,
Met à mort les rois, détruit les villes,
Et aplatit les plus hautes montagnes.

Dès que l'on me nomme je n'existe plus.



Sans moi, s'effondreraient les cathédrales.
Je suis la solution,
pour m'élever depuis le sol
et atteindre le Paradis.

Je vais très vite et pourtant je n'ai ni jambes ni ailes.
Vous aurez beaucoup de mal à vous mesurer à moi,
Mais si vous y arrivez, cela fera beaucoup de bruit.
Vous voulez me saisir ? Impossible
Me voir . Je suis invisible.

J'ai quatre dents mais je ne mords pas.
Quand par hasard, j'attrape quelque chose,
Un goinfre me l'enlève aussitôt.



Je suis le début de l'éternité,
La fin de l'espace,
La naissance de chaque espèce,
La mort de toute race.

Je pique mais je n'ai pas d'épines,
J'ai une queue que je traîne,
Et dont je laisse des parcelles,
Dans chaque trou que je traverse.

Parfois je suis fort,
Parfois je suis faible.
Je parle toutes les langues
Sans jamais les avoir apprises.



Dès que vous m'avez, vous voulez me partager.
Mais dès lors, je ne suis plus...

Nous sommes deux soeurs,
nous sommes fragiles,
mais à nous deux,
nous pouvons faire disparaître le monde.

Cinq voyelles, une consonne 
En français composent mon nom
Et je porte sur ma personne
De quoi l'écrire sans crayon.

03/10/2006

LES IDIOTS DU VIL AGE

Alexis "l'idiot vrai"
Alexis est "dingue" (merelos, morakhalos, morakhavlos); "sot, benêt" (kaazos, moros); "idiot, stupide" (ilithios, vlakas); "kalamboki" : lit. maïs; "vlima" : lit. boulet, éclat d'obus; "enfant de putain" (poutanoyiena, potanoyienima); "sperme (engeance) du diable" (dhiavolousperma); "maudit" (kataramenos); "damné" (anathematismenos); "girouette" (anemodhoura); "zourlopandiera" : lit. drapeau fou; "mounitis Iris" : lit. con d'Iris (sa femme); "alafroïskiotos" : lit. qui a l'ombre légère ....



Arès "la chatte"
Arès est appelé "cinglée", "dingue" (zourlos, merelos), "sotte", "benêt" (khazos), "dérangée" (vlamenos), "détraquée" (piraghmenos), "fo-folle" (lolos), "folle" (trelos), "oniparmenos" : lit. prise par le rêve, "erotokhtipimenos" : lit. frappée, touchée par Eros.



Philoctète "le chien"
Philoctète est "original", "sui generis" (idhiotropos); étrange" (paraxenos); "curieux" (perierghos); "bizarre" (alakotos); "insuportable" (anipoforos); "oniroparmenos" : lit. saisi par le rêve ......



Penelope "la fiancée du fantôme"
Pénélope est appelée "folle" (treli); "cinglée, dingue" (zourli, mourli, pavali); "dérangée, détraquée" (vlameni); "koutokhorto" lit. légume stupide; "envoutée, possédée parle diable" (tin katykhi o dhiavolos" : lit."le diable l'a occupée", ou "tin kavalisse o dhiavolos" : lit. "le diable l'a chevauchée"; "sorcière " ou "magicienne" (mayissa); "oniroparmeni" : lit. prise par le rêve; "aloparmeni" : lit. saisie par l'Autre, l'Ailleurs; "neraïdhokhtipimeni" : lit. touchée par les néréides, les fées.