Il entre sans frapper. Les portes cèdent, les unes après les autres. L’antre envahie de ses doigts. Il fore à travers les tuyaux, les conduits. Les parois craquèlent. La soude s’effrite sous l’effervescence du suc géniteur. Elle tressaille sous la puissance du coup. La résistance est une vue de l’esprit, lequel n’a plus aucune prise sur l’image. Il percute les enceintes, affole les tympans. Le dehors est martelé. Ses gestes hurlent, ses cris gesticulent. Le noyau dur lève les remparts. L’épicentre se déplace au son des bottes des soldats, soumis à la seule volonté violente de l’assaillant. Le chaos est roi. L’obscurité n’est même plus une issue.
Elle est la proie qui ne lutte déjà plus. Il force encore quelques grilles, écrase quelques haies, des bosquets, des poutres apparentes et des traverses dessinées au fusain.
Il taraude les douves et les tours en quelques secondes. Il est partout où il peut être, il la jette en locataire de sa propre identité. Il est partout, remplaçant exactement le souffle et la pulsion, crachant sur la survie et l’instinct. Elle n’est plus que rides, froissures, gerçures. Il trempe ses doigts dans le ruisseau carmin, suce une veine, goûte son essence.
Il a tort ou raison. Il devient son unique espoir de disparaître. Pouvoir mourir devient la gageure. Plus rien n’appartient à celle qui, il y a peu encore, marchait sur ses mains.
Le feu s’approche, au creux d’une rivière de flammèches acides, il coule le long de son échalas.
Le saccage s’enhardit, cette victoire sera sienne.
Le brouillard dantesque s’enfance sous les paupières de celle qui ne gémit que pour reculer un peu. Elle rassemble ses membres dans une chrysalide cotonneuse mais perd sa pesanteur en versant deux larmes sèches.
Ses peaux retournées, ses pores bouchés par la terreur, elle retourne ses iris vers l’intérieur. Et aperçoit enfin le gouffre. C’est le passage ultime vers l’ailleurs. Elle court avec son tronc. Petit lapin blanc sans pyjama. Petit poussin sans ailes.
Lui n’en terminera qu’à la jouissance. Si l’écueil s’oppose, si elle reviens, il la redéposera sur les braises, il dépassera la conclusion.
Ferré aux chevilles de la femme, il évase les derniers creux et trouve alors l’autre côté. Elle n’est plus qu’une fosse, creuse et désuète. Elle est la couchée, l’avalée. Elle est feuille, marais, écorce, épluchure. Tout se ferme alors autour. Le corps assemblé en position fœtale, il récupère. Puis il hurle, victorieux belligérant. La proie est ingérée, décomposée, désincarnée. Il rit fort car il est le dragon, le lion.
livre lu : melmoth - Ch R Maturin
25/01/2007
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