10/07/2007

Gardons les kills libres

C'est un petit homme vêtu de poils roux que couche et déchire un vent de rafale. Ses bras sont tordus et ses doigts coupés. Le fond de la terre le tient par les pieds. Un trousseau de clefs append au gibet, porche triomphal. Hérissé de givre, il ne peut croiser ses bras toujours hauts. Il ne peut claquer sa bouche soudée... Castagnettes sont les dents des pendus... Battez la semelle, pendus, aux poteaux... Le fond de la terre le tient par les pieds. 
"Je suis une plante et ne peux ramper, ramper comme un lierre, grimper comme un lierre sur les hauts piliers. Le fond de la terre me tient par les pieds. Nabot dont tu ris, Homme, mon grand frère, je voudrais les ailes des chauves-souris.



Hibou dont les griffes gantées de velours tracent sur les morts leur hiéroglyphes, prends-moi pour ton nid! Mes pieds sont des goules au col de couleuvre, qui sucent le sang, l'exquis sang des morts. Mon corps est une outre que le sang remplit. Mage, tes grimoires sont clos pour tes yeux. Mes yeux sont des nœuds d'arbuste bizarre: Dans mes yeux se mire le sein de la terre. Mes yeux sont des lacs; mes lourdes paupières sont faites de pierres qui, philosophales, versent des flots d'or.



Des paillettes d'or courvriront tes dalles. Tout ce qui me touche se transmute en or. Les yeux des hiboux m'ont souvent fixé: éternellement ils resteront d'or... Viens, et me délivre; le fond de la terre me tient par les pieds." 
Ainsi se lamente sous l'ombre tremblante des pendus heurtés; ainsi se lamente le nabot planté. La rafale apporte son chant de cigale... Garde tes trésors: je viens, petit Homme, délivrer tes pieds, par Humanité.
Et voici ma main qui cherche tes mains dont l'effort figé monte au zenith blême... Mais sa main de gloire, en geste moqueur, flambe comme un phare; la rafale emporte son ricanement... le fond de la terre me tiens par les pieds.

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