24/07/2007

Fantastico octastichon abscissae

Il était une fois un homme, qui, las de tout, se retira dans la montagne pour y observer le genre humain sous un jour nouveau.
 


Il marcha longtemps dans la forêt. Rencontrant Anud, le dieu à tête de chien, il lui dit :
« vois, je suis las de tout, les hommes me laissent perplexe, non qu’ils m’indiffèrent mais je me laisse glisser en un état de culpabilité perpétuelle qui contrevient à mes intentions de jouir de tout. »
Anud ne lui répondit rien, balança sa tête en arrière, s’éleva lentement dans les airs et y disparut.
 



Anud était le dieu de la mort et de la vie sauvage. Il allait à travers la forêt, un sceptre en argent tendu dans la main droite qui représentait, en fines ciselures, une scène de la vie primitive. Son dos tacheté de fauve noir dessinait de sombres paysages dans lesquels les aspirations morbides prenaient corps avec une netteté dérangeante.



Ils faisaient émerger de cette fascination esthétique jamais comblée les relents de souvenirs amers qui ne prennent habituellement corps que dans les rêves, par l’entremise de visions symboliques qui fonctionnent avec leur objet par analogie, selon une relation métonymique. Alors, il est difficile de les comprendre. Souvent, c’est l’histoire qui se tend entre eux qui détourne notre attention pour devenir distrayante ; l’on en devient le spectateur amusé.



Tandis que dans les nébuleuses fauves de la croupe d’Anud, l’esprit sculpte ses obsessions névrotiques sans s’y incarner.
C’est pourquoi l’homme s’y était laissé prendre, et avait subitement compris son infortune. Ses paroles avaient dit ce qu’il n’arrivait même pas à penser ; il était devenu un instant auditeur de son propre discours, et s’y reconnaissait avec une clarté qui l’effrayait.
 


Il râla longuement en tournant sur lui même. Ses yeux devinrent blancs, et les extrémités de ses membres se diluèrent dans l’atmosphère.

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