LOTO-LOVE [rapide]
[coupes et vitesses de LOTO-LOVE. et parmi les titres: adolescence de l’amour, déclaration.]
{partez}
t’allais souvent à LOTO-LOVE. c’était à Long Island City.
c’était joli, plutôt vide, en dehors du déjeuner, quand les employés de PS1, lassés du diner du coin et de leur café institutionnel, venaient pour la pause. plutôt souvent. l’endroit tournait grace au budget repas de cette institution.
On disait qu’un ticket gagnant de 30 millions de dollars au loto du mercredi avait permis l’achat du lieu. le propriétaire avait fait un emprunt pour l’accompte : l’état préférait payer en petites mensualités.
le restaurant était tout béton et fenêtres. un petit air frais. de fôret et d’eau
plantés à LIC.
comme je disais tu y allais tout le temps. souviens-toi. je continuerai à le dire. on y allait tout le temps. on y va tout le temps. on continuera à y aller.
mets-toi ça en mémoire.
on savait pourquoi LOTO. tout le monde savait.
le LOVE disait
que l’amour est cette grande chance donnée à tous, tout le monde connaissait l’histoire de l’endroit mais personne ne savait si c’était vrai ni si c’était comme ça que ça s’était passé.
le hasard avait part à l’architecture du lieu. chaque objet à sa place aurait pu être tout à fait ailleurs. un chaos diffus planait, se posait parfois dans l’événement d’une position fixe. les tables ici, les chaises là, les tabourets et même sur le bar les boissons sans cesse en mouvement. (la vitesse immobile)
ç’eut ressemblé au mot d’une ressemblance traversée de hasard. le faire et sa fin ce même flottement. pris au chaos. lanca un mot.
l’endroit était d’ailleurs issu de mots. c’était vraiment ce lieu de conte où LOTO - LOVE brillaient dessus de la porte d’un même clignottement de néon. un flash par TO parfois une autre fin.
tu m’a dit lire dans Homère que le hasard distribua le ciel, l’enfer et l’océan à la lotterie de Babylone.
pareil pour LOTO-LOVE. distribution pure. la valeur distribuée. on en parlait beaucoup. tu t’en souviens. on était d’humeur combative.
[ici des choses. tu sais. comme dans la vie]
et dans ce café quoi?
peu de possibles. LO-TO-VE
[un peu comme ce triple trébuchement]
d’abords l’indéterminé. TO-VE début d’une subjectivité pas insondable mais vague. et puis de là venait du temps en nombre (toi et toi et toi)
à entrer lors du TO – tu étais pris dans un aller sans fin. tu avançais à l’intérieur et à travers du lieu comme dans un train. en vers. en travers. les pauses sur ton passage. tu t’arrêtais eau café à peine posés de suite. des dons repris. balayés par dévotion au temps. une myriade de mains invisibles sous des linges blancs.
dans le mouvement tes pas volaient. le plancher à carreaux noirs et blancs tanguait comme si les couleurs s'agrippaient aux pieds foulants.
pas d’arrêts.
juste des aperçus
circulation trop rapide pour être fixée.
plus courte qu’un temps de vision. plus petite que la distance entre. même tes mains, la tasse de café qu’on te présentait et déjà prise dans le mouvement. saisie de flou.
TO la première halte
TO l’indéterminé.
VE avait une autre lumière. qu’il fut plus près de la fin de l’alphabet ne suffisait pas à en expliquer la différence. c’était l’arrêt. c’était la fin de la ligne. le terminus VE. à entrer sur ce temps tout était toujours net et fermé. c’était le VE de la clôture. c’était là que les choses se passaient. les yeux dans les yeux. les bouches rencontraient les bouches. au temps du VE pas d’espace pour l’erreur. chaque geste était définitif et fatal. et sans vouloir incorporer tous les liens qui s’y faisaient, puis cette incapacité à la marche, puis cette incapacité à fonctionner (liaisons trop liantes) VE sonnait vraiment la fin des choses.
c’était l’amour en coup de foudre et l’amour trop attaché. c’était l’amour lien comme un contrat afin que sa dissolution fut toujours le sol dérobé sous les pieds explosant la terreur du réveil au jour. [la disparition de ce qu’on avait toujours cru nôtre]
oui.
car le VE était le temps du subjectif. qui à construire rigide sur le rien se construisait l’échec.
[la chute]
plate
là où nous fixions
les carreaux noirs et blancs et où ils s’assemblaient en ordre immuable. où ils ne bougeaient pas. n’avaient jamais bougé. et pourtant, chaque pas donnait à l’espace le noir ou blanc. putain de circulation. comment un pied (noircissant) foulait l’espace d’un blanchissement. parfois, lors de pas rapprochés, un pied pouvait fouler un blanc un noir par là et rencontrer l’espace rempli [de ces deux destinées] et stop.
plus de mouvement possible.
plus de respiration.
s’insérer dans le temps du VE, la fente du love, amenait son impossible.
le mouvement rendait dense.
l’espace les subjectivités se le bouffaient.
love impossible. love suffocant. mais lo faisait encore briller la promesse de l’envol.
trébuche, vas-y trébuche, tombe, vole, tu disais.
partout où les lumières flashent les promesses clignent (l’obscur la promesse de la lumière l’avenant momentané). mais c’était pas comme ça. LOTO c’était le hasard. c’était l’un parmi la multitude.
[on donnait tous un dollar et à un revenaient les millions.
cling cling cling sonne la machine sous le flot des pièces.]
un vieux piège. qui attend là depuis longtemps. qui traîne. la bouche entrouverte. qui attend. mais malgré lui : les gens l’ont rendu ainsi, les gens et leur pensée, les gens pour la possession du hasard.
mais par chance il y en avait toujours trois : LO-TO-VE un début de multiplicité
voix de la mémoire (temps 1: un présent, une pensée du présent): le souvenir actualise. pas de fixité puisque j’en suis le devenir. tu ne sais rien encore du hasard de l’événement des jours.
ressort.
et revient au mauvais temps
LOVE sonne le tintement d’entrée. tout le monde se tait. tout s’attend au pire. les clients frémissent dans leurs chaises.
les serveurs gardent les yeux en mouvement. même les chiens gémissent.
12/11/2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire