Un puissant remugle de viande putréfiée
m'accueillit à mon entrée sous la voûte
néogothique. Depuis mon départ nocturne
de la chapelle vers la discothèque, mon
séjour à l'hôpital et ma fuite dans les
champs, le lapin avait eu tout le temps
de pourrir. Le garde-manger n'était pas
fermé. Un morceau du torchon à carreaux
violets et blancs dont nous avions vêtu
le cadavre du lapin pendait vers le sol
dallé. En retenant mon souffle, je pris
le coin de serviette et tirai lentement
à moi la charogne odorante. Un nuage de
grosses mouches noires tourbillonnantes
m'entoura en bourdonnant avec fureur et
le paquet tomba par terre avec un bruit
écoeurant. Un agglomérat de vers blancs
ondulait dans les plis ouverts du drap.
Je suis seul devant la chapelle vide. À
côté de moi, les fragments faisandés du
lapin exhalent une odeur fétide sous le
soleil hivernal. Je ne sais où Laure se
terre. Des chimères obscènes traversent
mon cerveau. Je me souviens de la nonne
impudique, de l'infirmière dévergondée.
Les orbites vides du Géant des Flandres
m'hypnotisent. Je fouille les restes en
décomposition. J'en détache la mâchoire
inférieure, une sorte de V majuscule au
bout des doigts. Je fixe l'os double au
chambranle de la porte. La prophétie se
matérialise enfin. La mâchoire du lapin
est clouée. L'huile a été répandue. Les
dents m'appartiennent. Les griffes sont
à elle. Autrefois, elle les glissa dans
son corsage.
Moi aussi, je deviens réel
comme une graine de poussière sucée par
le vent. D'un coup de pied, je projette
les os, les larves et la viande putride
dans le passage et l'anus de caoutchouc
rose roule dans la lumière. Je m'empare
du suaire crasseux dont je m'entoure le
crâne. Je sais ce que je dois faire. Je
tourne en courant autour de la chapelle
cherchant un signe à interpréter. Seul,
un vieux cageot démantibulé m'évoque le
futur passé. C'est dans le bâtiment que
je vais trouver mon bonheur. Le clou de
l'action, rouillé, légèrement tordu, au
milieu de la nappe mitée, sur l'autel !
Allongé sur l'estrade de bois vermoulu,
je frappe du marteau. Le tintamarre des
coups se mixe avec les gémissements qui
sortent de ma poitrine. Main gauche sur
le bois, en supination, de l'autre main
percutant, enfonçant le clou jusqu'à ce
que la tête s'incruste dans la peau. Le
gémissement devient hurlement. Je clame
dans le désert. Je fais vibrer le Vide.
m'accueillit à mon entrée sous la voûte
néogothique. Depuis mon départ nocturne
de la chapelle vers la discothèque, mon
séjour à l'hôpital et ma fuite dans les
champs, le lapin avait eu tout le temps
de pourrir. Le garde-manger n'était pas
fermé. Un morceau du torchon à carreaux
violets et blancs dont nous avions vêtu
le cadavre du lapin pendait vers le sol
dallé. En retenant mon souffle, je pris
le coin de serviette et tirai lentement
à moi la charogne odorante. Un nuage de
grosses mouches noires tourbillonnantes
m'entoura en bourdonnant avec fureur et
le paquet tomba par terre avec un bruit
écoeurant. Un agglomérat de vers blancs
ondulait dans les plis ouverts du drap.
Je suis seul devant la chapelle vide. À
côté de moi, les fragments faisandés du
lapin exhalent une odeur fétide sous le
soleil hivernal. Je ne sais où Laure se
terre. Des chimères obscènes traversent
mon cerveau. Je me souviens de la nonne
impudique, de l'infirmière dévergondée.
m'hypnotisent. Je fouille les restes en
décomposition. J'en détache la mâchoire
inférieure, une sorte de V majuscule au
bout des doigts. Je fixe l'os double au
chambranle de la porte. La prophétie se
matérialise enfin. La mâchoire du lapin
est clouée. L'huile a été répandue. Les
dents m'appartiennent. Les griffes sont
à elle. Autrefois, elle les glissa dans
son corsage.
Moi aussi, je deviens réel
comme une graine de poussière sucée par
le vent. D'un coup de pied, je projette
les os, les larves et la viande putride
dans le passage et l'anus de caoutchouc
rose roule dans la lumière. Je m'empare
du suaire crasseux dont je m'entoure le
crâne. Je sais ce que je dois faire. Je
tourne en courant autour de la chapelle
cherchant un signe à interpréter. Seul,
un vieux cageot démantibulé m'évoque le
futur passé. C'est dans le bâtiment que
je vais trouver mon bonheur. Le clou de
l'action, rouillé, légèrement tordu, au
milieu de la nappe mitée, sur l'autel !
Allongé sur l'estrade de bois vermoulu,
je frappe du marteau. Le tintamarre des
coups se mixe avec les gémissements qui
sortent de ma poitrine. Main gauche sur
le bois, en supination, de l'autre main
percutant, enfonçant le clou jusqu'à ce
que la tête s'incruste dans la peau. Le
gémissement devient hurlement. Je clame
dans le désert. Je fais vibrer le Vide.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire