31/07/2006

Après dissipation des brunes matinales

Et d'abord il existe un grand nombre de corps qui mettent à la portée de nos sens leurs émanations : les unes se détachent pour s'évanouir en tous sens, comme la fumée du bois vert ou la chaleur du feu ; les autres sont d'une contexture plus serrée, comme les rondes tuniques que les cigales déposent à l'été, comme la membrane dont se débarrassent les veaux naissants ou la robe que le serpent abandonne en glissant au milieu des ronces : nous voyons souvent cette dépouille flottante suspendue aux buissons.



En outre, si toute odeur, fumée, chaleur et autres effluves semblables se dissipent en se répandant hors des corps, c'est que venant jusque des profondeurs, ils se divisent dans les sinuosités du parcours et ne trouvent pas d'issues directes pour faire une sortie d'ensemble. Au contraire, la membrane délicate des couleurs émises d'une surface, ne court aucun risque d'être déchirée, puisque sa place au premier plan lui assure un libre départ.



Enfin dans les miroirs, dans l'eau, dans toute surface polie, nous apparaissent des simulacres qui ressemblent parfaitement aux objets reflétés et ne peuvent donc être formés que par des images émanées d'eux. Pourquoi admettre de telles émanations qui se produisent manifestement pour un grand nombre de corps, si l'on méconnaît d'autres émanations plus subtiles ? On ne saurait répondre.

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